LA BRIGADE PIRON

 

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Étude établie d’après des documents de la Section Historique de l’EMG Extrait de la « Revue de Documentation Militaire » n° 7 – Année 1946

La 1ère Brigade d’Infanterie «Libération » dont l’effectif s’élève à 2200 hommes dont 350 Luxembourgeois.

 

 

La Création de la Brigade .

 

La Belgique a combattu 18 jours en 1940 , du 10 au 27 Mai avant de capituler devant les armées Allemandes . Elle est occupée et son armée est dissoute . Dés le 28 Mai 1940 , un certains nombres de militaires Belges parvinrent à gagner la côte et à s’embarquer avec les Britanniques à Dunkerque . Ils furent rassemblé à Tenby où se constitua , à l’initiative de certains d’entre eux , un centre de regroupement sous les ordres du Lt Général VAN STRIJDONCK de BURKEL .

A ce premier contingent vinrent bientôt s’adjoindre les jeunes gens échappés de BELGIQUE qui étaient parvenus à surmonter par leur propres moyens les obstacles nombreux rencontrés sur leur parcours : ligne de démarcation , attitude hostile des autorités Vichyssoises et surtout l’ESPAGNE , avec ses prisons et ses camps de concentration . Certains, moins fortunés , furent contraints à s’engager dans la Légion étrangère française et ne purent rejoindre les Forces Belges qu’après la libération de l’AFRIQUE  . D’autres légionnaires ayant combattus en NORVEGE ou en SYRIE, étaient recrutés par des missions belges .

Enfin un décret de mobilisation obligeait les jeunes gens résidant en territoire libre à rejoindre les forces belges en GRANDE-BRETAGNE  . Tout cela formait un amalgame de gens appartenant à des milieux différents de condition physique fort inégale et au moyen desquels il fallait créer un noyau pour continuer la lutte aux côtés des Alliés . Des hommes subirent pendant leur longue attente , des crises de moral inévitables dans un milieu d’émigrés ; certains désespéraient de ne jamais pouvoir se battre et perdaient confiance dans les promesses qui leur avaient été faite en haut lieu . Loin de leur pays et de leur famille , ils ne trouvaient de réconfort que dans l’hospitalité généreuse que la population britannique ne cessa de leur prodiguer . Il faut savoir gré également aux autorités anglaises de l’appui qu’elles n’ont cesser d’apporter aux Forces Belges .

Petit à petit ils forment un bataillon de fusillers , une batterie d’artillerie et un escadron blindé . A la fin de 1942, il fût décider de réunir ces unités en un seul groupement combattant , en tâchant d’éliminer tous ceux qui étaient physiquement inaptes .

C’est ainsi que fût constitué le 1er Groupement sous le commandement du Major PIRON . Ce groupement , disposait de ses propres armes constituait une force essentiellement mobile , disposant de ses propres moyens de transport et de ravitaillement et possédant une grande puissance de feu pour un nombre relativement restreint d’hommes .

Il était particulièrement propre aux opérations de poursuite .

 

 

La Période d’entraînement .

 

 

Le 1er Groupement fût nommé en Janvier 1943 à Clayton-on-Sea (Essex ) . De là , il partit un mois plus tard pour Lowestoff ( Suffolk ) où il fût assigné avec la Royal Navy dans un rôle de défense côtière . Il y reste 11 mois faisant de nombreuses manœuvres dans la région de Thetford, dont certaines avec des grandes unités britanniques . Au cours de ces manœuvresle 1er Groupement parvint a faire preuve d’endurance et de mobilité et a mériter l’estime du commandement britannique , à tel point qu’il eût l’honneur de faire partie dès sa création du 21ème Groupe d’Armée , plus tard commandée par le Lieutenant Général Sir Bernard MONTGOMMERY

 

Le haut commandement britannique n’a jamais cessé d’apporter au groupement toute l’aide nécessaire , lui fournissant le meilleur matériel disponible , et en lui prodiguant de nombreuses marques d’encouragement .

Les Officiers et Sous-officiers belges envoyés dans les écoles spécialisées britannique y recevaient en même temps qu’un enseignement de tout premier ordre , l’accueil le plus sympathique .

En Janvier 1944 , le groupement fût envoyé dans la région de Ramsgate (Kent ) où il fût entraîné aux opérations amphibies .

La vue des côtes de France et des préparatifs pour l’invasion du continent augmenta l’impatience de ces troupes qui avaient tant risqué pour continuer la lutte et qui étaient contraintes depuis plusieurs années à prolonger leur entraînement pendant que leurs camarades anglais et américains se battaient en AFRIQUE et en ITALIE.

Aussi , leur déception fût grande lorsqu’en Avril , elles furent renvoyées dans la région de Great Yarmouth , et surtout lorsque le 6 Juin , elles virent partir pour la Normandie , les troupes anglaises avec lesquelles elles avaient poursuivis leur entraînement , il fallut leur faire comprendre qu’elles n’étaient pas des troupes de premier choc et que leur tour viendrait et leur donner l’assurance que les promesses de se battre qu’ont leur avaient si souvent réitérées en haut lieu , n’étaient pas vaines .Enfin , elles furent envoyées dans la région de Cambridge où la mobilisation de la brigade fût achevée .

 

CAMBRIDGE AOÛT 1944

 

La Campagne de Normandie

 

 

Le 29 Juillet 1944 , la grande nouvelle parvenait à l’État major : la brigade devait partir le 3 Août pour la Normandie .

La bataille de la tête de pont avait atteint à ce moment son point culminant et on pouvait espérer une percée des défenses allemandes dans laquelle la brigade trouverait son emploi . Le 3 et le 4 Août , les quelques 500 véhicules de la brigade étaient chargés sur cinq « LIBERTY SHIPS ». Tous les visages étaient rayonnants . Heureusement il n'y a pas eu d’attaques allemandes .

 

TRAVERSÉE DE LA MANCHE

 

Le convoi arriva le 7 Août au soir au large des plages de Courseulles et du port artificiel d’Arromanches . là se déployait  tout le génie d’organisation Anglo-Saxon : d’une part , un va et vient incessant de ces « DUCKS » amphibies , qui sans arrêter , sortent de la mer et roulent sur la plage et sur les routes vers les points de ravitaillement , d’autre part  un pont artificiel ultra moderne avec des jetées métalliques de plusieurs centaines de mètres de long terminées par des docks flottants sur lesquels les véhicules débarquent par leurs propres moyens avec tout leur équipage et leur chargement .

Le Colonel PIRON , à la tête de sa Brigade pose le pied sur le sol de France en compagnie de son aide de camp le Capitaine Commandant Georges HOUBION.

Parmi ces soldats se trouve le plus jeune des sous-officiers de l'armée Belge au sein de la Brigade Piron, le Commandant Pierre Antoine GAYE appartenant à la B Troop 1st Belgian field battery.

Le débarquement eût lieu le 8 Août 1944.

 

Ce dernier contact avec la tête de pont normande fît comprendre à tous ,quels énormes préparatifs il avait fallu employer et combien injustifiées étaient les impatiences de ceux qui réclamaient à tord et à travers un second front .

Après les premiers contacts avec l’Etat major de la 1ère armée canadienne la brigade fût placée sous le commandement de la 6ème Airborne Div.

Le général GALE , commandant cette unité d’élite , mit immédiatement la brigade belge en ligne dans le secteur à l’Est de l’orne .Cette région couverte de débris de planeurs , constituait la charnière d’un front défensif qui servait de base ferme à l’attaque menée plus au Sud .

L’ennemi, avait eût le temps d’organiser ce secteur et dès l’arrivée des troupes belges , celles-ci furent soumises à de nombreux tirs de mortiers et subirent leurs premières pertes . Elles occupaient des avant-postes assez isolés , qui servaient de base à une intensive action de patrouilles .

De leur côté , les allemands ne restaient pas inactifs et envoyaient de nombreuses patrouilles pour tâter le dispositif .Les premières réactions des belges au feu furent excellentes . Dans toutes les unités l’émulation est grande parmi les jeunes officiers et soldats pour savoir qui effectuera la prochaine patrouille. Celles-ci sont nombreuses .Les premiers prisonniers allemands affluent au PC .

Enfin le 17 Août , l’ordre arrive d’attaquer en direction de Franceville . L’escadron blindé commence sa progression , mais est bientôt arrêté par les champs de mines posées par l’ennemi pour couvrir leur arrière-garde. La compagnie du génie ouvre le passage avec un sang-froid et un courage remarquable .L’attaque de l’infanterie est alors déclenchée . Elle est menée à droite ,par la 1ère unité motorisée .

Des officiers des FFI ont passés les lignes pour donner des renseignements à l’Etat-major de la brigade , sur les défenses , les destructions et les mines

Le 21 à 11 H 00 , les troupes belges entrent à Cabourg devant la Dives, dont les ponts ont sautés . Pendant que le génie travaille d’arrache-pied , avec l’aide de la population à établir des moyens de passage pour le charroi , l’infanterie traverse la rivière par des moyens de fortune et  passant par Houlgate se dirige vers Auberville où elle se heurte à de fortes arrières-gardes allemandes .

Dans la soirée , l’attaque est menée par la 1ère Unité Motorisée qui enlève les premières résistances sans appui d’artillerie . Dans la nuit , cette unité renforcée par des éléments de la 3ème Unité Motorisée et appuyée par l’artillerie repart à l’attaque . Cette fois le succès est complet et les allemands décrochent .

Dès l’aube , la progression reprend , cette fois avec le charroi de combat qui a passé la Dives sur un pont construit par le Génie Belge .Dans l’après midi , toute la brigade fait son entrée à Villers sur Mer où la population lui réserve un accueil enthousiaste .

Sans désespérer , il faut continuer et le soir la Touques est bordée et Deauville occupé .

La brigade belge est la première a avoir atteint cette rivière . Vers le soir , le Général GALE convoque le Colonel PIRON à son état major pour le féliciter de la progression rapide de sa brigade .Les ponts de la rivière "la Touques" sont détruits et les allemands occupent les hauteurs de Trouville d’où ils bombardent les positions belges à coups de mortiers et d’artillerie .

Le 24 Août à 08 H 30 , le Colonel donne l’ordre de reprendre la progression et de bousculer l’ennemi . Le pont détruit donne alors le spectacle d’une activité extraordinaire . L’Infanterie traverse sur ses décombres , portant ses armes et ses munitions , pendant que la population amène des matériaux de construction et que le Génie construit un bac pour passer les véhicules .

Cette fois, c' est la 3ème Unité Motorisée qui est à l’avant-garde .

La progression se poursuit péniblement , entravée par des cratères et des mines . La résistance allemande faiblit . De nombreux prisonniers sont faits .

La Brigade Belge est en flèche de 8 km sur le reste de la Division. D’après l’itinéraire des unités de la brigade , HONFLEUR est atteint le jeudi 24 Août au soir par la 3ème Compagnie des Unités Motorisées .

Le 5éme Peloton de la 2éme COY entre à son tour dans la cité , il passe sur le pont de la Lieutenance.

Ce Peloton d'assaut , a été cité à l'ordre du jour de la Brigade par le Colonel PIRON le 20 Août 1944, pour son allant remarquable entrainant la perte de deux de ses chefs et d'un tiers de son effectif en 48 heures.

Ils sont rejoins le vendredi 25 Août 1944 par le Quartier Général de la Brigade accompagnée par l’Escadron du 3ème Troop , suivi par une unité RASC et de la Compagnie de Génie .

La libération de HONFLEUR est officialisée dans le journal de marche de la Brigade à 15 H 00, bien que le Sud de la ville fût abordée dès le 24 Août au soir . Le 26 Août au matin, la Brigade repart de l’avant et c’est au tour de la 1ère Unité Motorisée d’entrer dans HONFLEUR .

Pendant toute cette progression , l’Escadron d’auto blindée qui avait été détaché , avait reçu l’ordre de la 6ème Airborne Division. , la mission d’éclairer son avance . Il le fait avec brio , ce qui lui vaut des félicitations du Commandant du Recce Régiment de cette division , et après quatre jours de reconnaissance , de combats et de poursuites , il entre à Pont-Audemer , ouvrant la marche aux troupes britanniques . A ce moment la Brigade entière est regroupée et passe sous le commandement de la 49ème Division Britannique .

Sa progression est étonnante .Poursuivant l’ennemi en déroute , la Brigade traverse la Seine , puis gagne Arras , Amiens puis Douai , franchit la frontière belge à Rongi et entre en libératrice le 04 Septembre 1944 à Bruxelles . Mais sa mission ne s’arrête  pas là !

Traquant toujours l’ennemi en déroute , la brigade PIRON poursuit sa route vers la HOLLANDE pour participer à la reconquête des régions de Limbourg , jusqu’au canal de WESSEM .

La participation de la Brigade « libération » aux opérations de Normandie, de BELGIQUE et de HOLLANDE coûta à cette unité , outre de nombreux blessés , la perte de 5 officiers et de 85 sous-officiers et soldats .

Pendant les dix jours passés sur la côte fleurie , la Brigade comptera dans ses rangs 16 blessés et 26 tués .